you're beautiful, just the way you are (lana)

Du plus loin qu’il s’en souvienne, Adnan avait toujours été un passionné d’art sous toutes ses formes. La musique, la peinture, la littérature… Sans doute pourrait-il se balader des heures dans des musées, errant entre un tableau et un autre, cherchant leurs significations ou rêvassant à des temps anciens. Mais la photographie, c’est ce qu’il savait faire de mieux, c’est ce qui l’inspirait le plus. C’était beau, une photo bien prise, un bel angle de vue, une bonne lumière, un visage expressif ; ça réveillait en lui toutes sortes d’émotions, ça pouvait le transporter ailleurs, juste pour une image. Alors beaucoup se foutait de lui, lui disait que, la photo, ce n’était pas un métier,  pas plus que d’être serveur dans un café. Et Adnan, il leur riait au nez ou il se disait que c’était finalement bien triste de penser comme ça. Il avait été serveur, il avait enchainé les boulots de merde, et il savait au combien faire quelque chose que l’on aime était important pour l’équilibre, pour le bonheur. Avec la photographie, Adnan touchait son bonheur du doigt tous les jours – bien sûr, ça ne pouvait pas suffire, mais il aimait se laisser porter par des instants de bonheur simples, gratuits, faciles à attraper. Pas comme ceux de l’amour, ceux qui vous font voltiger mais qui sont si durs à trouver de nos jours. Il ne sait même pas pourquoi il pense à ça, l’amour, alors qu’il passe la porte du gymnaste où s’entraine Lana tous les jours. Sans doute parce qu’il se demande, au fond, pourquoi elle est toujours seule, pourquoi il ne l’a jamais vu en couple avec personne. A ses yeux elle était belle – et plus que belle, elle était talentueuse. La gymnastique lui allait à ravir, la rendait encore plus rayonnante que sur ces plages d’Italie où ils s’étaient rencontrés. Ça avait commencé comme ça, eux d’eux, sur la terre de leurs racines, entre des photos et des sourires, des balades et des rires. « Merde, je suis repéré, moi qui aurait pu te regarder pendant des heures, faudrait que j’me fasse plus discret ..  » finit-il par dire en riant. Il venait de sortir son appareil, de la prendre en photo avant qu’elle ne finisse par l’apercevoir, lui qui ne cherchait pas vraiment à être discret ou la prendre par surprise. Elle commençait à le connaitre, maintenant, elle savait qu’il pouvait rester là des heures à la regarder et prendre des clichés. Il était patient, aimait la façon artistique et sensuelle qu’avait Lana de bouger, de s’entrainer. Elle ne le savait sans doute même pas, mais elle était belle et respirait le bonheur, c’était ça que voulait capturer Adnan ; ces instants au-dessus de tout, où plus rien d’autre que le moment présent n’avait d’importance. « Je sais je sais c’est décevant, c’est que moi, pas un admirateur secret … Quoique je veux bien endosser ce rôle.  » il lui sourit, sincèrement, s’avance vers elle et l’embrasse sur la joue en l’attrapant légèrement par la taille. Il est toujours plutôt tactile, sans qu’il n’y ait la moindre arrière-pensée derrière, c’était justement ça qui faisait tout son charme. « Alors comment tu vas ? Je voulais prendre de tes nouvelles, et j’étais sûr que je te trouverai là …  » Cela faisait quelques jours qu’ils ne s’étaient pas vus, Adnan avait pas mal bossé et il voulait aujourd’hui s’accorder une petite pause, quoi que son appareil photo n’était jamais vraiment bien loin.