Sujet: un jour on sera plus que des souvenirs (chani) Sam 6 Fév - 15:58
Un jour on sera plus que des souvenirs
Chani & Ivanie
La ville était étrangement calme. Les rayons frais du matin venaient éclairer les feuilles encore accrochées aux arbres malgré l’hiver, pas encore prises par le froid qui se faisait désespérément attendre par les lyonnais. L’hiver, Ivanie s’en tapait joyeusement le cul par terre, faut dire qu’en ayant grandi tout en haut d’une montagne, on finissait par détester la neige qui tombait par dizaine de centimètres et vous empêchait de sortir de ce foutu village. Depuis qu’elle habitait la ville, la neige ça devenait drôle parce que tous les citadins s’y cassaient la gueule, mais de rester enfermé à l’appartement ne la réjouissais pas plus que de devoir rester confiner en haut de sa montagne. Non, vraiment, la neige, dès qu’il y avait plus de trois flocons, ça la foutait de mauvaise humeur. Alors un hiver sans hiver, sans pouvait faire crisser les journaux télé, elle s’en tamponnait l’oreille avec une babouche. Et puis le temps doux lui permettait de se promener sans se cacher derrière une montagne de pulls et d’écharpes en tout genre, il lui permettait de marcher tranquillement avec sa vieille veste en cuir, toujours la même depuis son adolescence. Faut dire qu’en prison il y avait pas la masse de choix niveau shopping. Niveau tourisme non plus. Depuis sa petite cellule elle ne voyait rien d’autre que la cour, et quand elle sortait dans la cour rien d’autre que les murs immenses qui la séparait de l’extérieur. Le monde qui continuait d’avancer. Sans elle. Et puis tout à coup elle était dehors, propulsé cinq ans en avant sans aucune sommation. Perdue. C’était peut-être pour ça qu’elle aimait autant le vieux Lyon, se promener sur la petite butte qui lui rappelait de loin ses petites expéditions à Montmartre. C’était plus vieux que n’importe quoi ces vieux bâtiments là, et ils n’avaient pas bougé en cinq ans. Enfin, peut-être pas. Elle en savait rien Ivanie, elle avait jamais foutue les pieds à Lyon avant.
Et puis un jeudi en pleine journée, y’avait pas grand monde dans les vieilles rues abîmées du vieux Lyon. Deux trois pélos qui se promènaient, des jeunes qui sèchaient les cours, les commerçants qui essayaient d’attirer les quelques touristes qui se s'étaientt perdus dans le coin. Et Ivanie qui surplombait la ville, qui la dominait, les yeux grands ouverts, prête à la bouffer cette putain de ville. Pas de macchabés ce matin, personne qui s’était fait sauter la cervelle contre un mur pendant la nuit. Ça voulait dire jour de repos pour Ivanie. Traîner dans la ville. Rien foutre. Elle finit par tourner le dos à la ville, pour se concentrer sur les passants qui déambulaient dans le vieux. Des vieux, des jeunes. Que des visages inconnus. Et puis, sorti de nulle part, un fantôme. Un fantôme qui avait l’air sacrément réel. Quelques années qui sont venus fatiguer le visage adolescent pour y foutre des cernes d’adultes, les cheveux un peu moins longs et sauvages, mais c’était elle. C’était sûr. Chani. Chani de la bande. Chani sa pote, Chani sa sœur. Chani qui tirait une sale gueule, comme si tous les soucis d’adultes pesaient sur son sourire d’ado qui avait fini par foutre le camp. Les jambes d’Ivanie n’attendirent pas que le cerveau se réveille que déjà, elle lui attrapait le bras pour lui faire face. « Chani c’est toi ?! » Un grand sourire qui vient éclairer le visage d’Ivanie alors qu’elle prenait la revenante dans ses bras, la serrant sans se soucier de lui casser une côte. « Ça faisait longtemps putain ! Qu'est ce que t'as foutou pendant cinq ans ? » Sacrément longtemps ouais, puisqu’elle s’était jamais pointée pour venir la voir en prison. Elle avait disparu avant Chani, elle était partie dans la nuit sans jamais donner de nouvelles avant la nuit où tout avait basculer. Mais le fait d’enfin voir un visage familier dans cette ville sembla effacer toutes les rancœurs d’Ivanie pour ne laisser place qu’à la joie. Pour l’instant.